dimanche 13 avril 2008

Reflexions sur la formation

Formateur, tuteur, accompagnateur, guide, animateur,... autant de qualificatifs pour désigner un métier en mutation. La rencontre des TIC et de la pédagogie laisse entrevoir des bouleversements importants sur les organismes et les métiers de la formation. L'individualisation des parcours avec l'utilisation de ressources diverses, et plus particulièrement en Formation Ouverte et A Distance (FOAD), interroge voire inquiète.

Les formateurs s'interrogent, parfois avec crainte, sur l'avenir de leur métier et leurs capacités à s'adapter. Les évolutions bousculent leur rôle traditionnel. Ils doivent d'adapter aux outils techniques et s'interrogent sur les implications pédagogiques. Dans leur grande majorité, les formateurs aiment la proximité, la relation directe et le contact avec le groupe apprenant. Une certaine forme de relation privilégiée peut s'établir entre le formateur détenteur du savoir et les apprenants.

Cependant, l'utilisation des Techniques de l'Information et de la Communication (TIC) et plus particulièrement avec la FOAD, apporte grâce à la distance établie entre le formateur et l'apprenant, une autre dimension. Pour les formateurs qui explorent ces nouveaux domaines, il s'agit d'un moyen de revisiter les outils pédagogiques à leur disposition, ce qui peut conduire à innover, à créer de nouveaux outils pédagogiques aussitôt investis par les apprenants. Ces démarches amènent à regarder de plus prés la façon dont les apprenants apprennent, ce sur quoi ils butent, hésitent,... Cela amène à prendre du recul à s'interroger sur ses pratiques. Il faut dépasser la relation habituelle qui se crée au sein de la classe et le sentiment de perdre dans le même temps sa légitimité propre.

En sortant de sa classe c'est une ouverture à l'acte de formation et à l'environnement externe qui s'opère. L'obligation de se réinterroger par rapport à l'individualisation, la granularisation, le suivi de l'apprenant, à son rôle dans l'établissement. Le nouveau rapport aux prescripteurs qui s'installe agit comme accélérateur du changement et revalorise la profession. Ces différentes méthodes pédagogiques existent déjà. C'est une réorganisation de son savoir et de sa pratique qu'il convient d'opérer avec un recours plus important à l'autoformation.

Mais le réel enjeu quant à l'utilisation de ces nouveaux outils de travail est ailleurs. Quelque soit le nom donné au formateur, quel est son statut ? Car en fonction de son statut, la question de la rémunération est sous-jacente. Lorsque les décisions sont avant tout des volontés politiques et économiques imposées, les formateurs sont en droit de s'interroger et d'hésiter avant de se lancer dans l'aventure aussi intéressante soit elle.

C'est aujourd'hui deux conceptions de la formation qui s'affrontent dans la représentation de la FOAD et qui détermineront ce statut. La première tient du passage à une activité artisanale à une activité industrielle. Ce qui est sous-tendu dans cette idée c'est la sectorisation des actes : concepteur de ressources coupées pour les apprenants, tuteurs qui ne font pas les évaluations, responsables techniques qui ne s'occupent que de technique,....

La seconde se veut un passage du quantitatif au qualitatif. Le formateur devient acteur plus à l'écoute de l'établissement de formation et de son environnement. Il se soucie de la conception des ressources, du suivi des apprenants, de la vie du centre, des nouvelles orientations extérieures, de l'analyse des demandes,...

C'est donc un rôle très important qui incombe aux systèmes de formation, de la sensibilisation au développement de la FOAD de leurs différents acteurs et décideurs. Ce rôle ne peut être confié aux seuls formateurs. C'est une orientation assumée et motivée qui aidera les formateurs à se positionner par rapport à la FOAD en matière de reconnaissance sociale et salariale plus que les choix des modalités technologiques.

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