vendredi 29 mai 2009

La danse du ventre

Le discours de Nicolas Sarkozy sur la sécurité a été très disséqué. Une fois de plus les paroles nous ont fait oublié les engagements précédents. Ce n'est pas de sa faute si le précédent ministre de l'intérieur était un incapable. Il ne peut pas être partout. Mais le Président de la République nous le dit : Il va mettre de l'ordre et rappeler des adultes dans les établissements scolaires. Pas des fonctionnaires pédagogues ou formés pour éduquer des adolescents, non ceux là ont été remercié. Des vrais adultes, des anciens policiers, des gens compétents en matière d'éducation. C'est vrai que l'inspecteur Harry est un modèle d'éducation.

Alors les grands cris sont poussés par certains : Combien de temps les gens vont ils supporter cela ? Ne se rendent ils pas compte ? Et bien oui, ils se rendent compte. Ils se rendent compte que l'alternative proposée n'est pas construite, pas solide. Ils connaissent les pédigrées de tous nos représentants de gauche en général et socialiste en particulier. Alors vous pouvez bien rester dans l'ombre autant de temps que vous voudrez, ce n'est pas en attendant l'échec des listes socialistes aux européennes que l'on rénove une pensée socialiste forte.

Je demande à tous ceux qui ont décidé de ne pas se déplacer pour voter dimanche prochain, de bien réfléchir à la portée de leurs actes. Nous sommes quelques uns à avoir entendu et à défendre une réelle prise en compte de vos attentes avec de vrais chantiers pour la reconstruction d'une voie de progrès pour notre société. Mais nous avons besoin d'un soutien, nous avons besoin de vous retrouver, de vous entendre et de vous accueillir. C'est avec vous que nous souhaitons mener ce combat.

samedi 23 mai 2009

Perséverer, encore et encore

La question de la modernité au sein du Parti Socialiste n'est pas une nouveauté. Un certain Laurent Fabius s'était même lancé dans cette voie dès le Congrès de Rennes en ...1990. La guerre de succession de François Mitterant n'est toujours pas terminée. Cette quête n'a pourtant plus de sens pour nos concitoyens qui attendent de notre Parti une réelle alternative, construite, cohérente et réaliste.

Nous n'avons pas d'autres choix que d'animer une démarche de coopération entre les militants pour préparer cette réponse collective moderne et adaptée aux enjeux du XXIème siècle. Cette démarche doit s'employer à valoriser toutes les énergies et certains devront accepter que l'expérience n'est que la lanterne qui éclaire le chemin parcouru. Il est important de savoir d'où l'on vient mais il est encore plus de se remettre en chemin pour atteindre le but fixé.

Il s'agit bien de repositionner la pensée socialiste dans une démarche internationaliste de façon à inscrire l'action locale dans une ambition internationale. Ceux qui sont tentés de casser ce lien au profit d'intérêts à court terme et purement électoral font un calcul qui contribue à dévaluer la pensée socialiste et affaiblit toute ambition de progrès pour l'humanité.

jeudi 21 mai 2009

L'Europe résolument

Message de Jean Paul PLANCHOU* pour "Besoin de Gauche" :

Le scrutin des Européennes aura lieu dans 3 semaines. La campagne entre tout juste dans sa phase de cristallisation. D’ailleurs, les sondages commencent à se succéder et tous convergent. Que disent-ils ?
Une droite historiquement faible : 27 à 29% pour l’UMP et très peu de réserves ; une gauche, au total, à un niveau élevé mais dont l’électorat est dispersé, et le P.S, comme le souligne la direction nationale, dans sa moyenne mais en passant sous silence les deux derniers résultats de 1999 et de 2004 qui plaçaient notre parti nettement en tête. Ainsi, est-il évident, que malgré les caractéristiques de cette élection, nous ne captons pas suffisamment l’électorat de gauche au profit principalement des Verts et du Modem.

Le tour nouveau que la Première secrétaire veut à présent imprimer à notre campagne, est-il à même de mobiliser une partie de l’électorat indécis ? Il faut le souhaiter : en tout cas, plus la participation sera élevée et plus notre score en bénéficiera. Car cette campagne, jusqu’alors, a été engagée à l’envers. Le vote sanction à l’égard de Nicolas Sarkozy – terrain sur lequel les socialistes rencontrent des concurrents pour le moins aussi crédibles à gauche et au centre - ne pouvait être qu’une arme électorale à manier dans les dernières longueurs. On aurait dû se rendre compte, en effet, que les électeurs susceptibles d’aller aux urnes sont des citoyens concernés, et plutôt favorablement, par le devenir de l’Europe.

Aussi eût-il fallu d’emblée mieux faire ressortir les lignes de clivage par rapport à la droite : notre vision d’une Europe intégrée que la présidence de Nicolas Sarkozy a justement affaiblie, notre ambition d’une Europe politique, nos objectifs économiques et sociaux majeurs tels qu’affichés par le Manifeste commun du P.S.E., bref une Europe forte et démocratique d’ailleurs consubstantielle - comprenons- le bien - de l’avenir de la social-démocratie. Elle mérite à coup sûr, cette Europe, une campagne courageuse et même flamboyante. 3 semaines, encore, pour réussir sinon nous regretterons que les socialistes, comme nous le préconisions dans notre contribution, n’aient pas voulu mener le débat de clarification qui s’imposait entre nous depuis 2005.

* Conseilller Régional de Paris, Président du Groupe socialiste

mardi 19 mai 2009

Dépasser les personnes

Le travail mené par la direction du Parti Socialiste depuis le Congrès de Reims porte une volonté de reprendre le sens de l'action. Il reste encore beaucoup de points de vigilance mais c'est une voie qui a le mérite de nous permettre d'évaluer les manques de notre Parti en terme de réflexion et d'organisation. J'ai souligné régulièrement dans ce blog la responsabilité du militant à accepter, ou non, les orientations proposées et l'importance de garder en notre sein une discussion, un contact.

Il est en effet curieux de voir que les mouvements de pensée qui pourraient se compléter ou facilement coopérer sont incapables d'échanger. Le blocage n'est donc pas idéologique mais lié aux personnes. Je ne sais pas si il faut avoir fait l'ENA pour comprendre que cela ne mène à rien et se retrouve bien éloigné de notre ambition socialiste mais à l'école des militants c'est une réalité que personne n'ignore.

Ces divisions sont encore plus fortes et plus dramatiques lorsqu'elles ont lieu au niveau local. Les mairies, conseils généraux et conseils régionaux piloté par des équipes de gauches et des président(e)s socialistes ne doivent pas pouvoir se replier sur leurs territoires comme les petits vassaux d'une noblesse imitée. Ils doivent être au contraire les laboratoires d'application des stratégies et de la pensée socialiste.

Cette interrogation de nos pratiques doit être menée par le Parti Socialiste si l'on ne veut pas que d'autres réalisent ce travail et en tire des conclusions qui amènent encore plus de doutes dans les têtes de nos concitoyens. Il existe aujourd'hui une voie compliquée et fragile à emprunter. C'est la voie de la coopération et de la coproduction. Elle n'est pas la plus claire pour les ambitieux animés par des plans de carrière et autres passionnés de stratégie personnelle stérile. Elle est la voie qui maintiendra la flamme allumée.

lundi 18 mai 2009

Protéger les consommateurs

L'objectif du Parti Socialiste Européen :

La protection des consommateurs est un des piliers du marché intérieur. La libre circulation des produits et des services en Europe doit reposer sur un haut niveau de protection des consommateurs européens. Cela touche à tous les aspects de la vie quotidienne des européens : téléphonie, gaz, électricité, crédit à la consommation, produits alimentaires etc.

Qu'avons-nous obtenus?

1 TRANSPARENCE ET INFORMATION ACCRUES : DES CONSOMMATEURS MIEUX ARMES

- Plus de transparence dans l'information donnée gratuitement aux consommateurs : informations permettant une comparaison des prix, factures détaillées, dispositifs permettant d'éviter des surfacturations...
- Création de guichets uniques d'information pour les consommateurs, pour simplifier leurs démarches
- Soutien actif à l'adoption d'une charte européenne des consommateurs dans le domaine de l'énergie et des télécommunications
- Renforcement du budget consacré à la protection des consommateurs et aux organisations de consommateurs

2 UNE MEILLEURE PROTECTION FACE AUX PRATIQUES COMMERCIALES CONTRAIGNANTES OU ABUSIVES

- Les consommateurs verront leurs droits accrus face aux clauses contractuelles abusives
- Des délais de rétractation après signature des contrats ont été rallongés
- Dans le secteur de la téléphonie mobile comme dans celui de l'énergie, nous avons obtenu la possibilité de changer d'opérateur dans des délais courts et sans frais
- Sous la pression des socialistes, le processus menant à des mécanismes de recours collectif est enfin lancé. Ils devraient permettre aux consommateurs de se grouper pour peser face aux grandes entreprises La Commission vient ainsi de démarrer une consultation sur le sujet en vue d'une proposition législative lors de la prochaine mandature.

3 UNE REGULATION DU MARCHE EN FAVEUR DU POUIVOIR D'ACHAT DES EUROPEENS.

- Notre combat en faveur de la Régulation des prix a permis une baisse des tarifs, par exemple dans le secteur de la téléphonie mobile, où les surcoûts imposés par les opérateurs pour les appels passés à l'étranger ont été réduits jusqu'à 50% de 2007 à 2009.
- Nous avons obtenu des mesures de protection des consommateurs vulnérables (enfants, seniors, handicapés, personnes économiquement fragiles), notamment dans le secteur de l'électricité et du gaz.

4 UN MEILLEUR NIVEAU DE QUALITE ET DE SECURITE DES PRODUITS.

- Grâce à un étiquetage des produits garantissant la traçabilité et la nature des produits alimentaires
- Grâce à un renforcement progressif (mais encore inachevé) du marquage CE

Ce qu'a fait la droite:
- Elle s'est opposée au renforcement de l'information pour les consommateurs dans les contrats, estimant que c'était une surcharge financière pour les entreprises
- Elle s'est toujours opposé à la création d'un mécanisme de recours collectif au niveau européen
- Elle a toujours considéré la protection des consommateurs comme un obstacle à la libre circulation des services et des marchandises (cf. débat sur la directive services)
- Elle s'est opposée à tout renforcement de la marque CE, privilégiant les économies pour les entreprises au détriment de la qualité des produits


Nos propositions :

Nous proposons de renforcer les droits individuels et collectifs des consommateurs et de faire respecter ces droits dans l'Union européenne. Cela implique:

- La création d'un dispositif européen de recours collectif

- L'adoption d'une charte européenne des consommateurs résumant dans un format claire et compréhensible les droits existants au niveau européen

- Le développement du réseau des centres d'information et d'aide aux consommateurs permettant d'aider ces derniers dans leurs démarches

- La prise en compte dans la protection des consommateurs dans l'ensemble des législations européennes.

dimanche 17 mai 2009

La Défense de l'hopital public

Le Parti socialiste dénonce le vide de la loi HPST qui , au-delà de son volet hôpital, ne répond pas aux défis de santé publique, des déserts médicaux, de l’égalité d’accès aux soins (en raison des dépassements d’honoraires, notamment), et de l’organisation territoriale du système de soins.

Il appelle à la réunion d’un groupe de travail, auquel il est prêt à participer, pour élaborer une politique hospitalière volontariste et ambitieuse . Les propositions de la commission Marescaux doivent être débattues. L’ensemble des missions hospitalières (soins, enseignement, recherche) et l’ensemble des hôpitaux (hôpitaux psychiatriques, locaux et généraux et pas seulement les CHU) doivent être pris en compte.

Il manifeste avec solennité qu’il refusera des budgets d’austérité qui compromettent la qualité des soins , notamment à travers les réductions d’effectifs.

Il demande l’abandon définitif des contraintes financières inéquitables imposées par la convergence tarifaire entre le secteur public et le secteur privé.

Il demande une évaluation indépendante de l’application de la tarification à l’acte.




samedi 9 mai 2009

Déclaration du 9 mai 1950

Voici le texte intégral de la proposition, lancée par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, et considéré comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif.

Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.
La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L'établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu'elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique.

Cette production sera offerte à l'ensemble du monde sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au développement des oeuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain.

Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique qui introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.

Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.

La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d'assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l'amélioration de sa qualité, la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l'acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents, le développement de l'exportation commune vers les autres pays, l'égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main-d'oeuvre de ces industries.

Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions des pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en oeuvre, comportant l'application d'un plan de production et d'investissements, l'institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d'un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l'acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane et ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.

A l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production.

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l'objet d'un traité signé entre les Etats et soumis à la ratification des parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d'application seront poursuivies avec l'assistance d'un arbitre désigné d'un commun accord; celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d'opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.

La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements; un président sera choisi d'un commun accord par les gouvernements; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité.
Un représentant des Nations Unies auprès de cette autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l'ONU, rendant compte du fonctionnement de l'organisme nouveau, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.

L'institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l'exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l'Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l'Allemagne, tant que celles-ci subsisteront.

Discours d'ouverture du Congrès de la Paix - 21 août 1849

Texte prononcé par Victor HUGO le 21 août 1849 :

Messieurs, beaucoup d’entre vous viennent des points du globe les plus éloignés, le cœur plein d’une pensée religieuse et sainte ; vous comptez dans vos rangs des publicistes, des philosophes, des ministres des cultes chrétiens, des écrivains éminents, plusieurs de ces hommes considérables, de ces hommes publics et populaires qui sont les lumières de leur nation. Vous avez voulu dater de Paris les déclarations de cette réunion d’esprits convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien d’un peuple, mais qui veulent le bien de tous les peuples. (Applaudissements.) Vous venez ajouter aux principes qui dirigent aujourd’hui les hommes d’état, les gouvernants, les législateurs, un principe supérieur. Vous venez tourner en quelque sorte le dernier et le plus auguste feuillet de l’Evangile, celui qui impose la paix aux enfants du même Dieu, et, dans cette ville qui n’a encore décrété que la fraternité des citoyens, vous venez proclamer la fraternité des hommes.

Soyez les bienvenus ! (Long mouvement.)

En présence d’une telle pensée et d’un tel acte, il ne peut y avoir place pour un remercîment personnel. Permettez-moi donc, dans les premières paroles que je prononce devant vous, d’élever mes regards plus haut que moi-même, et d’oublier, en quelque sorte, le grand honneur que vous venez de me conférer, pour ne songer qu’à la grande chose que vous voulez faire.

Messieurs, cette pensée religieuse, la paix universelle, toutes les nations liées entre elles d’un lien commun, l’Evangile pour loi suprême, la médiation substituée à la guerre, cette pensée religieuse est-elle une pensée pratique ? cette idée sainte est-elle une idée réalisable ? Beaucoup d’esprits positifs, comme on parle aujourd’hui, beaucoup d’hommes politiques vieillis, comme on dit, dans le maniement des affaires, répondent : Non. Moi, je réponds avec vous, je réponds sans hésiter, je réponds : Oui ! (Applaudissements) et je vais essayer de le prouver tout à l’heure.

Je vais plus loin ; je ne dis pas seulement : C’est un but réalisable, je dis : C’est un but inévitable ; on peut en retarder ou en hâter l’avènement, voilà tout.

La loi du monde n’est pas et ne peut pas être distincte de la loi de Dieu. Or, la loi de Dieu, ce n’est pas la guerre, c’est la paix. (Applaudissements.) Les hommes ont commencé par la lutte, comme la création par le chaos. (Bravo ! bravo !) D’où viennent-ils ? De la guerre ; cela est évident. Mais où vont-ils ? A la paix ; cela n’est pas moins évident.

Quand vous affirmez ces hautes vérités, il est tout simple que votre affirmation rencontre la négation ; il est tout simple que votre foi rencontre l’incrédulité ; il est tout simple que, dans cette heure de nos troubles et de nos déchirements, l’idée de la paix universelle surprenne et choque presque comme l’apparition de l’impossible et de l’idéal ; il est tout simple que l’on crie à l’utopie ; et, quant à moi, humble et obscur ouvrier dans cette grande œuvre du dix-neuvième siècle, j’accepte cette résistance des esprits sans qu’elle m’étonne ni me décourage. Est-il possible que vous ne fassiez pas détourner les têtes et fermer les yeux dans une sorte d’éblouissement, quand, au milieu des ténèbres qui pèsent encore sur nous, vous ouvrez brusquement la porte rayonnante de l’avenir ? (Applaudissements.)

Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l’Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne : Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus : Les Normands ont attaqué les Picards, les Lorrains ont repoussé les Bourguignons. Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d’armes ? savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à chacun : Là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! vivez en paix ! (Applaudissements.) Et ce jour-là, vous vous sentirez une pensée commune, des intérêts communs, une destinée commune ; vous vous embrasserez, vous vous reconnaîtrez fils du même sang et de la même race ; ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple ; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation !

Si quelqu’un eût dit cela à cette époque, messieurs, tous les hommes positifs, tous les gens sérieux, tous les grands politiques d’alors se fussent écriés : " Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme connaît peu l’humanité ! Que voilà une étrange folie et une absurde chimère ! " - Messieurs, le temps a marché, et cette chimère, c’est la réalité. (Mouvement.)

Et, j’insiste sur ceci, l’homme qui eût fait cette prophétie sublime eût été déclaré fou par les sages, pour avoir entrevu les desseins de Dieu ! (Nouveau mouvement.) Eh bien ! vous dites aujourd’hui, et je suis de ceux qui disent avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à l’Angleterre, à la Prusse, à l’Autriche, à l’Espagne, à l’Italie, à la Russie, nous leur disons :

Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France.

Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. – Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France ! (Applaudissements.) Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! (Rires et bravos.) Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe (Applaudissements), placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! (Longs applaudissements.)

Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.

Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. (Immenses applaudissements.)

Nous aimer ! Dans cette œuvre immense de la pacification, c’est la meilleure manière d’aider Dieu !

Car Dieu le veut, ce but sublime ! Et voyez, pour y atteindre, ce qu’il fait de toutes parts ! Voyez que de découvertes il fait sortir du génie humain, qui toutes vont à ce but, la paix ! Que de progrès, que de simplifications ! Comme la nature se laisse de plus en plus dompter par l’homme ! comme la matière devient de plus en plus l’esclave de l’intelligence et la servante de la civilisation ! comme les causes de guerre s’évanouissent avec les causes de souffrance ! comme les peuples lointains se touchent ! comme les distances se rapprochent ! et le rapprochement, c’est le commencement de la fraternité !

Grâce aux chemins de fer, l’Europe bientôt ne sera pas plus grande que ne l’était la France au moyen âge ! Grâce aux navires à vapeur, on traverse aujourd’hui l’Océan plus aisément qu’on ne traversait autrefois la Méditerranée ! Avant peu, l’homme parcourra la terre comme les dieux d’Homère parcouraient le ciel, en trois pas. Encore quelques années, et le fil électrique de la concorde entourera le globe et étreindra le monde. (Applaudissements.)

Ici, messieurs, quand j’approfondis ce vaste ensemble, ce vaste concours d’efforts et d’événements, tous marqués du doigt de Dieu ; quand je songe à ce but magnifique, le bien-être des hommes, la paix : quand je considère ce que la Providence fait pour et ce que la politique fait contre, une réflexion douloureuse s’offre à mon esprit. Il résulte des statistiques et des budgets comparés que les nations européennes dépensent tous les ans, pour l’entretien de leurs armées, une somme qui n’est pas moindre de deux milliards, et qui, si l’on y ajoute l’entretien du matériel des établissements de guerre, s’élève à trois milliards. Ajoutez-y encore le produit perdu des journées de travail de plus de deux millions d’hommes, les plus sains, les plus vigoureux, les plus jeunes, l’élite des populations, produit que vous ne pouvez pas évaluer à moins d’un milliard, et vous arrivez à ceci que les armées permanentes coûtent annuellement à l’Europe quatre milliards. Messieurs, la paix vient de durer trente-deux ans, et en trente-deux ans la somme monstrueuse de cent vingt-huit milliards a été dépensée pendant la paix pour la guerre ! (Sensation.) Supposez que les peuples d’Europe, au lieu de se défier les uns des autres, de se jalouser, de se haïr, se fussent aimés : supposez qu’ils se fussent dit qu’avant même d’être Français, ou Anglais, ou Allemand, on est homme, et que, si les nations sont des patries, l’humanité est une famille ; et maintenant, cette somme de cent vingt-huit milliards, si follement et si vainement dépensée par la défiance, faites-la dépenser par la confiance ! ces cent vingt-huit milliards donnés à la haine, donnez-les à l’harmonie ! ces cent vingt-huit milliards donnés à la guerre, donnez-les à la paix ! (Applaudissements.) Donnez-les au travail, à l’intelligence, à l’industrie, au commerce, à la navigation, à l’agriculture, aux sciences, aux arts, et représentez-vous le résultat. Si, depuis trente-deux ans, cette gigantesque somme de cent vingt-huit milliards avait été dépensée de cette façon, l’Amérique, de son côté, aidant l’Europe, savez-vous ce qui serait arrivé ? La face du monde serait changée ! les isthmes seraient coupés, les fleuves creusés, les montagnes percées, les chemins de fer couvriraient les deux continents, la marine marchande du globe aurait centuplé, et il n’y aurait plus nulle part ni landes, ni jachères, ni marais ; on bâtirait des villes là où il n’y a encore que des écueils ; l’Asie serait rendue à la civilisation, l’Afrique serait rendue à l’homme ; la richesse jaillirait de toutes parts de toutes les veines du globe sous le travail de tous les hommes, et la misère s’évanouirait ! Et savez-vous ce qui s’évanouirait avec la misère ? Les révolutions. (Bravos prolongés.) Oui, la face du monde serait changée ! Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! (Nouveaux applaudissements.)

Voyez, messieurs, dans quel aveuglement la préoccupation de la guerre jette les nations et les gouvernants : si les cent vingt-huit milliards qui ont été donnés par l’Europe depuis trente-deux ans à la guerre qui n’existait pas, avaient été donnés à la paix qui existait, disons-le, et disons-le bien haut, on n’aurait rien vu en Europe de ce qu’on y voit en ce moment ; le continent, au lieu d’être un champ de bataille, serait un atelier, et, au lieu de ce spectacle douloureux et terrible, le Piémont abattu, Rome, la ville éternelle, livrée aux oscillations misérables de la politique humaine, la Hongrie et Venise qui se débattent héroïquement, la France inquiète, appauvrie et sombre ; la misère, le deuil, la guerre civile, l’obscurité sur l’avenir ; au lieu de ce spectacle sinistre, nous aurions sous les yeux l’espérance, la joie, la bienveillance, l’effort de tous vers le bien-être commun, et nous verrions partout se dégager de la civilisation en travail le majestueux rayonnement de la concorde universelle. (Bravo ! bravo ! – Applaudissements.)

Chose digne de méditation ! ce sont nos précautions contre la guerre qui ont amené les révolutions ! On a tout fait, on a tout dépensé contre le péril imaginaire ! On a aggravé ainsi la misère, qui était le péril réel ! On s’est fortifié contre un danger chimérique ; on a vu les guerres qui ne venaient pas, et l’on n’a pas vu les révolutions qui arrivaient. (Longs applaudissements.)

Messieurs, ne désespérons pas pourtant. Au contraire, espérons plus que jamais ! Ne nous laissons pas effrayer par des commotions momentanées, secousses nécessaires peut-être des grands enfantements. Ne soyons pas injustes pour les temps où nous vivons, ne voyons pas notre époque autrement qu’elle n’est. C’est une prodigieuse et admirable époque après tout, et le dix-neuvième siècle sera, disons-le hautement, la plus grange page de l’histoire. Comme je vous le rappelais tout à l’heure, tous les progrès s’y révèlent et s’y manifestent à la fois, les uns amenant les autres : chute des animosités internationales, effacement des frontières sur la carte et des préjugés dans les cœurs, tendance à l’unité, adoucissement des mœurs, élévation du niveau de l’enseignement et abaissement du niveau des pénalités, domination des langues les plus littéraires, c’est-à-dire les plus humaines ; tout se meut en même temps, économie politique, science, industrie, philosophie, législation, et converge au même but, la création du bien-être et de la bienveillance, c’est-à-dire, et c’est là pour ma part le but auquel je tendrai toujours, extinction de la misère au dedans, extinction de la guerre au dehors. (Applaudissements.)

Oui, je le dis en terminant, l’ère des révolutions se ferme, l’ère des améliorations commence. Le perfectionnement des peuples quitte la forme violente pour prendre la forme paisible ; le temps est venu où la Providence va substituer à l’action désordonnée des agitateurs l’action religieuse et calme des pacificateurs. (Oui ! Oui !)

Désormais, le but de la politique grande, de la politique vraie, le voici : faire reconnaître toutes les nationalités, restaurer l’unité historique des peuples et rallier cette unité à la civilisation par la paix, élargir sans cesse le groupe civilisé, donner le bon exemple aux peuples encore barbares, substituer les arbitrages aux batailles ; enfin, et ceci résume tout, faire prononcer par la justice le dernier mot que l’ancien monde faisait prononcer par la force. (Profonde sensation.)

Messieurs, je le dis en terminant, et que cette pensée nous encourage, ce n’est n’est pas d’aujourd’hui que le genre humain est en marche dans cette voie providentielle. Dans notre vieille Europe, l’Angleterre a fait le premier pas, et par son exemple séculaire elle a dit aux peuples : Vous êtes libres. La France a fait le second pas, et elle a dit aux peuples : Vous êtes souverains. Maintenant faisons le troisième pas, et tous ensemble, France, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe, Amérique, disons aux peuples : Vous êtes frères !

dimanche 3 mai 2009

L'actualité de la campagne

Vous vous demandez ce que font les députés européens du Parti Socialiste ? Ils font une vraie campagne de terrain, parce que notre Europe est une Europe des citoyens.

Toute l'actualité : http://www.changerleurope.fr/sud-ouest/

MEETING DÉPARTEMENTAL DANS L'AVEYRON

7 Mai 2009 à 20:30
Rodez

MEETING DEPARTEMENTAL DANS L'ARIEGE

11 Mai 2009 à 20:30
Foix

JOURNEE EN DORDOGNE AVEC KADER ARIF

16 Mai 2009 à 09:00
Bergerac

MEETING DEPARTEMENTAL DANS LE GERS

18 Mai 2009 à 20:30
Auch

MEETING DEPARTEMENTAL DANS LE LOT

25 Mai 2009 à 20:30
Cahors