dimanche 15 août 2010

Monde agricole, territoire et citoyen :

Elle est passée inaperçue pour le citoyen et pourtant elle porte des enjeux et des orientations importantes. Je reviens sur la loi de modernisation de l’agriculture votée en juin à l’assemblée nationale. A la mi-temps de la politique agricole commune européenne, les lois prises aujourd’hui en matière agricole doivent s’inscrire dans une préparation de la nouvelle donne de 2013.

Il serait trop facile de penser que les agiculteurs sont des nantis, fonctionnaires de l’Europe et que ces subventions doivent cesser. Les agriculteurs sont les premiers à vouloir la fin des subventions mais les motivations et la réalité sont deux choses différentes. Vouloir vivre de sa production et de son travail est un désir qui anime de la même façon les agriculteurs, les artisans, les commerçants et les ouvriers. La réalité pour le monde agricole et pour la production de notre alimentation c’est que la fin brute et sans conditions des subventions entrainera une harmonisation sur le marché mondial : bœuf aux hormones, maïs OGM, productions sur-intensives en matière végétale et animale.

La loi de modernisation pose un certain nombre d’orientations mais c’est sur deux point particuliers que se poseront mes questions et réflexions : l’augmentation d’utilisation de circuits courts dans les services de restauration de l’Etat et la question de l’implantation d’élevage par extension ou création.

Il est démagogique (mais nous en avons désormais l’habitude avec ce gouvernement) de faire croire que les services de restauration des collectivités publiques peuvent passer à 15 % de commande de produits issus des circuits courts en 2010. Les commandes sont annuelles, du premier janvier au 31 décembre. Les services publics fonctionnent par appel d’offres pour des périodes déterminées qui varient d’une à plusieurs années. Ces deux éléments combinés font que l’on se moque de nous :
- Soit les commandes étaient déjà prévues à ce niveau là de 15%, alors la loi ne fait que valider une situation de fait et n’est pas une ambition
- Soit les commandes ne prenaient pas en compte cet objectif et il n’y a aucun moyen d’atteindre ces objectifs d’ici la fin de l’année.

Mais la définition, relativement large, des produits concernés devraient permettre d’atteindre ces objectifs de façon quantitative sans aucune modification réelle des habitudes :

Lorsque la question qualitative se posera (et le gouvernement est bien tranquille puisqu’il ne la posera pas) il sera alors nécessaire de penser ou repenser les organisations agricoles locales. C’est un enjeu que les agriculteurs devront avoir la force de porter au travers des élections cantonales qui approchent et dont les prétendants à l’élection ne pourront faire l’impasse. En tout cas les prétendants qui ont encore un peu d’ambition politique non pour eux même mais pour leur territoire.


La deuxième réflexion vient sur l’installation des élevages par extension ou par création. Je ne suis pas végétarien, je n’ai aucune intention de le devenir ou de forcer les autres à le devenir. Je n’accepte pas plus les dogmes alimentaires que les dogmes spirituels. Les extensions et les créations doivent être soumises à des expertises environnementales mais il faut faire attention avec les consultations du public. Ces deux demandes émanent de France Nature Environnement ou en tout cas de son président Bruno Genty. Cette association pose des débats intéressants et son expertise est souvent pertinente.

La question de l’expertise de public en matière économique nous demande de renforcer l’éducation à l’environnement de façon pluraliste et objective. Elle devrait débuter par une formation de nos élus sur ces questions et les militants politiques devraient avoir quelques bases de ce coté-là qui permettraient quelque fois d’élever le débat sur la question du développement durable.

Formation des acteurs économiques agricoles pour l’organisation de circuits commerciaux liant territoire et filière. Formation des citoyens pour la prise en compte d’un développement soutenable pour les futures générations. Voilà deux pistes de travail intéressantes pour l’échelon départemental.



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