mardi 20 janvier 2009

Vous sentez ?

La leçon est une fois de plus venue de la rue. Les lycéens ont fait reculé super-Darcos qui avait pourtant placé un manche à balai au bon endroit pour tenir droit dans ses bottes. Mais les jeunes sont ainsi fait qu'ils ne respectent pas les règles du jeu : ils sont politiquement incorrects. Vous pouvez penser que cela leur passera, vous pouvez penser que c'est l'âge. Pour beaucoup cela leur passera en effet, ils rentreront dans le rang, si bien sûr vous leur laissez une place dans ce rang que vous voulez qu'ils intégrent.

Pourtant je crois qu'il faut arrêter de considérer que leur perception du monde est futile ou immature. Elle est ce que nous leur en avons montré et ce que nous leur en avons raconté. Le XXIème siècle doit être le siècle du débat pour ne pas devenir celui d'un néo-obscurantisme moderne. Il est temps de prendre de nouveau la parole.
Je garde en tête cette intervention lors de la campagne des législatives :
  • « Vous devez le dire que Sarkozy est méchant, vous devez dire qu'il est dangereux »
La réponse fut posée mais décalée :
  • « Je ne sais pas si on peut dire que Nicolas Sarkozy est méchant, on peut constater... »
Résultat : la personne qui avait posée cette question est sortie. On venait de lui faire une leçon sur le politiquement correct et la façon de bien poser les questions. Devant les journalistes et des gens prompts à utiliser toute dérive langagière il est désormais nécessaire de se contrôler, de ne pas se laisser aller.

Mais ce jeune homme qui n'était pas dans le cadre, il était dans la vie. Nous avons tellement pris l'habitude de nous retrouver entre nous que nous avons tendance à oublier le quotidien, la réalité. Et je dépasse le cadre du Parti Socialiste ou de la Gauche, les meetings sont en effet des jeux bien réglés ou supporters et opposants jouent leur rôle de façon convenue et apprêtée.

Je tiens à féliciter ce jeune homme de sa clairvoyance et à lui présenter mes excuses pour ne pas être venu à son soutien. Nous devrions tous lui présenter nos excuses pour ne pas avoir compris que derrière sa maladresse orale et son style direct il dénonçait déjà la brutalité d'un régime qui allait se mettre en place et que nous constatons aujourd'hui. Il avait finalement le sens politique qui a manqué à tous ceux qui ont haussé les épaules et qui ont depuis oublié cette intervention.

Nous avons le devoir d'ouvrir les portes à ceux qui sont dans cette réalité trouble et complexe de la vie. Nous avons le devoir de l'éthique et du partage. Il ne faut plus nous en excuser ou l'utiliser comme paravent à nos inconséquences, il faut porter haut cette ambition. Il ne faut pas attendre d'autres la prise en compte de cette réalité qu'ils ont oublié. Les rêves ne sont pas les mêmes selon votre réalité sociale. La classe ouvrière est menacée d'extinction pour cause de modernisation et de globalisation. Les cadres moyens sont devenus la nouvelle population corvéables et exploitables pendant que les personnes privées d'emploi sont accusés de paresse et de profiter du système.

La rhétorique du gouvernement actuel nous ferait penser que c'est la gauche qui est responsable de tous nos maux, les congés payés, les 35 heures, la sécurité sociale autant de projets de solidarité qui gâchent l'existence des libéraux de tout poil qui veulent bien taper dans la caisse pour les errances des banquiers mais pas pour les sans logis. Mais depuis le temps qu'ils sont au pouvoir, depuis le temps qu'ils travaillent à la destruction du modèle social français pourquoi sont ils encore à chercher d'accuser la gauche ?Par respect de leurs adversaires ou par incompétence ? Les français sont à l'image de ce jeune homme : ils ne savent peut être pas l'expliquer de façon politiquement correct mais ils savent que ce régime les privent de liberté pour apporter de la sécurité à ceux qui en ont déjà trop.


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