jeudi 28 août 2025

L’intégration : autant s’adapter que savoir accueillir

 On parle beaucoup aujourd’hui de l’« intégration ». Le mot s’impose dans les discours, souvent à sens unique : celui qui arrive doit se plier aux règles, se conformer, s’adapter. Et pourtant, l’intégration ne peut exister que si elle repose sur deux piliers indissociables : l’effort d’adaptation et l’art d’accueillir.

Or, dans notre époque troublée, qui rappelle parfois les crispations des années 30, le débat s’enlise. D’un côté, celui qui arrive veut garder une part de sa manière de vivre, ce qui est humain. De l’autre, celui qui reçoit se replie, sur la défensive, craignant que son quotidien soit bousculé. Ce double mouvement engendre tensions, incompréhensions, et finit trop souvent par un rejet mutuel.

Il est vrai que l’on exige beaucoup de celui qui frappe à la porte. On lui demande de se conformer sans que soient discutées les conditions d’accueil, comme si elles allaient de soi. Or, l’accueil est une responsabilité qui engage celui qui reçoit. Il ne s’agit pas de renoncer à soi, mais d’ouvrir un espace commun où chacun puisse trouver sa place sans s’effacer.

Fernand Raynaud l’avait bien résumé dans son sketch du boulanger : à force de dire « je ne veux pas de ceci, je ne veux pas de cela », on se retrouve seul… et sans pain. La métaphore reste puissante : une société qui refuse systématiquement l’autre finit par se priver de richesse, de vitalité, de pain au sens le plus concret.

Nous devons nous rappeller que la question sociale ne se limite pas à la redistribution, mais s’étend aux liens humains, aux solidarités vivantes. Dans nos campagnes, l’accueil n’a jamais été un luxe : il a longtemps été une condition de survie. Le voisin était celui qui pouvait prêter la main lors des moissons, partager ses outils, offrir une miche en attendant des jours meilleurs.

Aujourd’hui, face aux fractures et aux crispations, il nous revient de retrouver cet esprit. Accueillir, ce n’est pas renier ses racines, c’est leur donner assez de force pour partager leur sève. S’intégrer, ce n’est pas s’effacer, c’est apprendre à accorder son pas au rythme commun.

C’est dans cet équilibre – entre adaptation et accueil – que se construit une société durable, une communauté humaine qui ne cède ni à la peur ni au rejet, mais qui ose encore croire en la rencontre.

mardi 15 juillet 2025

Accélérer la transition écologique par la formation : 5 leviers d'action essentiels

 🌱 Accélérer la transition écologique par la formation : 5 leviers d'action essentiels

Dans un contexte de bouleversement climatique, économique et social, la transition écologique ne peut plus attendre. Mais pour qu’elle devienne une réalité concrète dans nos territoires, nos entreprises, nos métiers, la formation professionnelle doit jouer un rôle central. Encore faut-il qu’elle soit repensée, adaptée, et pleinement soutenue.

Voici les 5 leviers majeurs que nous identifions aujourd’hui pour faire de la formation un moteur de transformation écologique et sociale.


1. Mobiliser les décideurs : briser l’immobilisme

La transition écologique impose une refonte de nos modèles économiques. Pourtant, nous faisons face à une demande ralentie, des décisions retardées, et un risque croissant d’inaction.

Il est urgent de sensibiliser les décideurs aux conséquences concrètes de la transition : elle touchera les emplois, les compétences, les filières. Mais ne rien faire, c’est exposer notre économie à des risques encore plus graves : désadaptation, exclusion, pertes massives d’employabilité. Le risque de l’inaction est un levier puissant pour provoquer un sursaut collectif non contrôlé et incontrôlable.


2. Relancer le dialogue social sur la transition

Le dialogue social, qui a longtemps structuré les grandes évolutions professionnelles, est aujourd’hui trop souvent en panne.

Pourtant, c’est autour de la table que doivent se jouer les ajustements de demain : adaptation des métiers, sécurisation des parcours, anticipation des besoins. Nous appelons à réactiver réellement les échanges entre partenaires sociaux, notamment autour des transformations liées aux enjeux environnementaux.


3. Transformer massivement l’offre de formation

Aujourd’hui, les formations liées à l’écologie restent trop souvent générales, abstraites ou déconnectées des réalités métiers. Il faut une approche beaucoup plus ancrée dans le concret.

👉 Pour un acheteur, la transition, c’est penser approvisionnement local, matériaux durables, économie circulaire.
👉 Pour un logisticien, c’est optimiser les flux pour réduire l’impact carbone.

Chaque métier doit intégrer les enjeux écologiques dans ses référentiels. Cela implique de former les formateurs, de rénover les contenus, et de rendre les dispositifs capables de déployer ces formations à grande échelle.


4. Professionnaliser les parcours et co-construire les critères

Les critères actuels intégrés aux cahiers des charges de la formation environnementale sont souvent mal adaptés.

Il est temps de co-construire des critères pertinents, opérationnels et reconnus, en réunissant autour de la table les branches professionnelles, les acheteurs, les financeurs, les organismes de formation. Ces critères doivent guider les financements, orienter les appels d’offres, structurer l’offre.

La future révision régionale des politiques de formation pour assurer le renouvellement des générations en agriculture pourrait être un moment clé pour intégrer ces critères.


5. Orienter vers les emplois et formations de la transition

Enfin, pour que la transition réussisse, il faut accompagner les personnes : les jeunes, les demandeurs d’emploi, les salariés en reconversion. Cela passe par une orientation active vers les métiers d’avenir, mais aussi par un rééquilibrage des financements publics.

Cela suppose de former les professionnels de l’orientation, de produire des données fiables sur les besoins, et de renforcer l’alignement entre les acteurs de la formation, de l’emploi, et du développement durable. 


🛠️ Et maintenant ?

Nous avons les idées, les outils, les institutions. Ce qu’il faut désormais, c’est une volonté collective pour enclencher un vrai changement d’échelle.

🎯 Former massivement, transformer concrètement, piloter territorialement, et travailler ensemble : voilà les clés pour une transition écologique juste, ambitieuse et durable.