samedi 19 février 2011

Réflexions sur la filière agricole

A l'occasion de l'ouverture du Salon de l'Agriculture je reprends la plume virtuelle pour un sujet qui me touche professionnellement et n'en finit pas de me poser des questions : L'évolution de l'Agriculture en France et de notre monde rural. Je vais délaisser un moment la question du monde rural pour m'arrêter sur les questions agricoles. De nombreuses personnalités politiques sont devenues des convertis aux vertus de l'agriculture biologique comme d'autres se sont convertis à la résistance en juin 1945.

C'est qu'en matière d'agriculture on aimerait que les choses soient au moins rationnelles si elles ne sont pas simples. La production de nourriture n'est pas une action anodine, il s'agit d'une activité indispensable pour la survie humaine. Elle n'en reste pas moins une activité économique et lorsque l'on fait son métier avec passion  et conviction, que l'on soit agriculteur, plombier ou enseignant, on espère pouvoir en retirer salaire, respectabilité et fierté. C'est la différence du trader qui n'espère pouvoir retirer que de l'argent pensant surement que la respectabilité s'achète.

Je ne suis jamais rentré dans le choix entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique depuis 15 ans que j'évolue dans ce milieu professionnel. Je croise l'ensemble des acteurs depuis le début et j'ai la conviction que les personnes ont des intérêts mutuels à se parler et à échanger, non pas pour se convertir mais pour innover. Cette absence de choix n'est donc pas un position molle de consensus, c'est la conviction que les choses ne se posent pas selon cette question.

Nous rentrons dans un siècle des intégrismes, en religion comme en agriculture. Les intégrismes favorisent l'obscurantisme et l'obscurantisme favorise les affrontements. Les enjeux sont d'un autre niveau à mon humble avis :

- Les acteurs de l'agriculture biologique doivent entreprendre une réflexion marketing de leurs produits et de leur image. La question des nouvelles cibles potentielles de l'agriculture biologique doit se poser car de cette réflexion sortira les conditions de ce développement : prix, présentation, modalités de commercialisation,...

- Les acteurs de l'agriculture conventionnelle doivent continuer leurs efforts en matière environnementale. Les précurseurs qui ont essayé et continuent de piocher dans les différents systèmes sont les acteurs que l'on doit encourager. Il faut laisser s'exprimer ces professionnels dont le travail de synthèse contient des pistes de développement à généraliser.

Cette conviction d'une agriculture biologique entrainant la création d'une agriculture écologique intensive et nécessitant la cohabitation de différentes tailles d'exploitations et modalités culturales n'est pas politiquement correct mais elle pose la question du vivre ensemble et d'une agriculture française toujours compétitive et innovante.

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